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6 MYTHES À PROPOS DE L'ART-THÉRAPIE

Tout le monde est d’accord avec l’idée que l’art fait du bien.

L’art-thérapie est le champ de recherche et de pratiques qui met en application cette idée de manière cohérente et professionnelle.

L’art-thérapie existe depuis les années 1940 et les arts plastiques ont été utilisés dans de nombreuses institutions pour soulager les patients en santé mentale.

Depuis cette époque, son champ s'est élargi à d'autres lieux, d'autres applications et a gagné en maturité et en crédibilité. Pourtant, l’art-thérapie n’est pas si connue et comprise par le grand public.

Il existe beaucoup d’idées inexactes répandues sur l’art-thérapie.

J’espère que cet article contribuera à déboulonner plusieurs mythes à son sujet.

MYTHE #1: L'ART-THÉRAPIE, C'EST POUR LES ENFANTS

L’art-thérapie est une approche thérapeutique qui permet l’expression de soi par l’utilisation des arts visuels comme le dessin, la peinture, la sculpture et le collage.

L’action de créer favorise le bien-être émotionnel, physique et psychologique de la personne, en présence d’un(e) art-thérapeute dûment formé(e).

L’art-thérapie s’adresse aux personnes de tout âge, tout genre, tout horizon culturel et tout état de santé.

Il est vrai que l’art-thérapie est particulièrement reconnue auprès des enfants, car ils plongent volontiers dans le processus créatif sans se poser des questions. Ils sont généralement réceptifs à l’art-thérapie, car cela fait appel à leur curiosité naturelle et à leur capacité à explorer de nouvelles choses.

Par la création artistique, les enfants expriment aussi bien leurs émotions que des expériences pour lesquelles ils ne savent pas encore mettre de mots. Comme ils ne possèdent pas encore de standards esthétiques sur l’art, ils ont souvent moins de blocages à se lancer dans l’expérience créative que les adultes.

Les adultes peuvent bénéficier de l’art-thérapie justement parce que cela peut les remettre en contact avec cet esprit ludique, curieux et enthousiaste qu’ils avaient quand ils étaient des enfants.

MYTHE #2 : LES LIVRES À COLORIER SONT DE L'ART-THÉRAPIE

Faux.

Colorier dans un livre n'est pas de l'art-thérapie.

Pourtant, si vous tapez dans Google "art therapy stress" vous aurez comme résultat de recherche des centaines d’images de livres à colorier.

Le grand succès des livres à colorier dont les vertus seraient antistress est indéniable. Ils sont partout sur les étalages des librairies.

Pourtant, ces produits de consommation ne sauraient être comparés avec ce qu'est vraiment l'art-thérapie, une discipline vaste et complexe du domaine de la santé et du mieux-être.

Même si une personne apprécie ce passe-temps qui lui apporte de la détente, il est regrettable de constater que le coloriage d'un motif préimprimé soit confondu avec de l’art-thérapie.

Il s’agit d’un malentendu, propagé par des marques de livres qui soulignent les vertus antistress de leurs produits en utilisant le terme "art-thérapie". Cela qui a pour effet de faire croire aux consommateurs qu'ils pourraient soigner leur stress de cette manière.

S'il est vrai que colorier peut apporter une détente, cela ne développe pas la créativité de la personne.

Cela ne développe pas non plus son imagination. Cela ne lui permet pas de trouver des solutions à ses difficultés par le biais du processus créatif.

Dans une séance d’art-thérapie, la personne pourra utiliser la couleur pour s’exprimer. Elle pourra essayer de dessiner ce qu’elle ressent. Elle pourra explorer différents matériels, comme l’argile, le collage, la peinture et d’autres choses encore.

Par-dessus tout, elle pourra parler avec l’art-thérapeute dans un cadre confidentiel et sécurisant où une relation de confiance est établie.

Colorier un motif déjà imprimé ne peut apporter des bénéfices comparables à ce que l’art-thérapie peut offrir.

La seule nuance positive que j’apporterais, c’est qu’une personne très anxieuse à l’idée de créer pourrait commencer par le coloriage pour se familiariser avec le matériel, Ainsi, elle bénéficierait de la relaxation que cela procure. Dans un deuxième temps, elle serait invitée à dessiner des motifs elle-même avant d’y mettre de la couleur, c’est-à-dire de commencer tranquillement à développer sa propre créativité.

MYTHE #3 : IL FAUT SAVOIR DESSINER OU PEINDRE POUR BÉNÉFICIER DE L'ART-THÉRAPIE

Aucune expérience en art ou de talent artistique ne sont nécessaires pour bénéficier de l’art-thérapie.

Tout ce dont vous avez besoin est votre imagination et votre capacité à entrer dans une nouvelle expérience avec un esprit d'ouverture.

Quand je me présente comme art-thérapeute, beaucoup de gens me demandent ce qu’est l’art-thérapie. Je leur décris alors comment se passe une séance. On me répond très souvent : moi je ne sais pas dessiner ! Je ne suis pas créatif !

Cette réponse sous-tend une peur d’être évalué sur sa performance. C’est un vieux réflexe venu de l’école. Les gens comprennent qu’il faut dessiner ou peindre et qu’ils seront « notés » selon leurs habiletés et selon le résultat esthétique.

Je conseille à mes client(e)s de ne pas accorder une importance démesurée au résultat, mais d'apprécier le processus créatif.

La personne est invitée à commencer par explorer et à simplement se laisser aller dans des activités faciles à réussir. Parfois, elle trouvera ses images belles ou puissantes. L’important est de continuer à créer sans trop y penser ou contrôler le résultat.

En conclusion, si vous ne savez pas dessiner ou peindre que diriez-vous d'essayer ? Plus vous créerez, plus vous aurez confiance en vous et plus vous pourrez inventer quelque chose d’unique qui vous ressemble.

MYTHE #4: L'ART-THÉRAPEUTE VA INTERPRÉTER MON ART.

Un(e) art-thérapeute peut aider la personne à réfléchir sur le sens que l’œuvre créée en séance, mais elle n’interprète pas les œuvres d’art comme le ferait un critique d’art.

Le travail de l’art-thérapeute consiste à faciliter et encourager les changements que la personne veut accomplir. L’interprétation pure et dure d’une image à tendance à retirer de l’autonomie à la personne. L'aspect de non-performance en art est justement l'avantage de l'art-thérapie. Il serait donc paradoxal de juger ce qui a été créé.

Chaque création est unique. Le sens qu’on peut lui trouver est subjectif et peut même changer au fil du temps. Parfois même, il n’y a pas de sens à trouver. Il n’y a qu’une expérience créative à faire.

Dans le cadre de leur formation, les art-thérapeutes ont une base dans « l’interprétation » des œuvres d’art. Cette compréhension pousse plutôt l’art-thérapeute à poser des questions à la cliente plutôt que de fournir des réponses. Cela encourage la personne à développer une meilleure connexion avec son art et donc avec elle-même.

MYTHE #5: C'EST LE SILENCE DURANT UNE SÉANCE D'ART-THÉRAPIE.

Le cliché tenace du psy silencieux provient du mythe freudien où un patient était allongé sur un divan pendant que le psychanalyste ne disait mot. En réalité, les art-thérapeutes sont plus engagés dans la conversation verbale qu’on ne croit. Le silence peut être un aspect puissant dans la relation thérapeutique, mais il ne définit pas la façon dont les art-thérapeutes font leurs interventions.

Mon approche comme art-thérapeute est de laisser la personne créer avec ce qu’elle veut sans lui donner des consignes ou des conseils. L’intention est d’encourager le développement de sa créativité et de son autonomie.

Effectivement, il y a souvent une période de silence durant la création, sauf si la personne désire parler pendant qu’elle crée.

Après l’activité créative, nous discutons si la personne le désire. Certaines personnes aiment créer et n’aiment pas parler. Toutes ces attitudes sont respectées. Je crois profondément que l’image artistique peut exprimer beaucoup sans la moindre parole. J’ai aussi pu constater que la conversation autour de son art permet à la personne de mieux se connaître et de donner du sens à ce qu’elle vit.

En conclusion, une séance d’art-thérapie peut être silencieuse ou très verbale, selon la personnalité et le besoin de la personne.

MYTHE #6. L'ART-THÉRAPIE EST UN TRAITEMENT SPÉCIAL POUR LES ARTISTES.

Le mot art combiné au mot thérapie peuvent donner l’impression que c’est une approche qui soigne les artistes.

Selon un mythe tenace, leur créativité est une source de souffrance et les artistes risquent de sombrer dans l’alcoolisme, la drogue ou la folie.

Pollock, Camille Claudel et Van Gogh sont de malheureux exemples d'artistes qui se sont autodétruits malgré (ou à cause de) leur grand talent.

Ces histoires insistent beaucoup sur l’idée selon laquelle les artistes ont généralement une vie remplie d’épreuves et sont même un peu « fous », surtout quand ils sont géniaux. Peut-être qu’ils ont donc besoin d’un traitement spécifique à leur statut?

Eh bien non, l’art-thérapie n’est pas un traitement destiné aux artistes.

L’art-thérapie peut bénéficier à tout le monde. Ceux qui ne savent pas dessiner ou peindre tout autant que ceux pour qui l’art est le centre de leur vie.

Les objectifs de l’artiste professionnel et de l’art-thérapie sont complètement différents.

L’art-thérapie déboulonne notamment l'idée qu'être un artiste est spécial et réservé à quelques individus talentueux.

L'art-thérapie soutient l'idée que créer pour créer est accessible à tous et peut faire beaucoup de bien.

L’action créative n’a pas à produire quelque chose de « beau », de réussi, ou de reconnu pour être significative.

S’offrir la liberté de créer sans être un artiste, c’est se donner accès à sa propre richesse intérieure, unique. C’est ce que l’art-thérapie permet.

Cet article abordait les mythes les plus courants sur l’art-thérapie et il en existe probablement d’autres. S’il y en a qui vous viennent à l’esprit, n’hésitez pas à laisser un commentaire ou me poser des questions.

J’espère que vous avez un peu plus appris sur cette discipline qu’est l’art-thérapie. Pour trouver un(e) art-thérapeute, visitez le site de l'association des art-thérapeutes du Québec, l'aatq.

Si vous désirez me contacter cliquez ici.

Si vous appréciez vous tenir au courant dans le domaine de l’art-thérapie et du ressourcement par la créativité, aimez notre page Facebook ou abonnez vous au fil Instagram et partagez cet article sur vos réseaux.

Merci de votre lecture!

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ALICE ALBERTINI est art-thérapeute, MA, AATQ

basée à Montréal.

Elle travaille avec les adultes en suivi individuel et anime régulièrement des ateliers d'art-thérapie de groupe en privé et pour des oBNL et des entreprises.

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